21 November 2024

Togo/Ecole ALPHA : pourquoi le fondateur refuse de payer les salaires aux employés?

Le secteur éducatif, est de loin un des secteurs d’activités le plus promu par le gouvernement togolais depuis quelques années, à travers la mise en place de dispositions permettant aux acteurs impliqués de travailler dans de bonnes conditions et de vivre décemment de leur travail.

Mais force est de constater que certains fondateurs de certaines écoles privées, ont pris sur eux, un vilain plaisir de bafouer les droits des travailleurs et en particulier ceux des enseignants qui sont les premiers acteurs de la vie éducative, et donc méritent une vie meilleure.

Au rang de ces écoles privées figure en pole position l’Ecole ALPHA, réputée être une école pour enfants de riches et une école de renom, populaire parmi les établissements qui font le programme français.
En effet, un des problèmes auxquels sont confrontés les enseignants et autres employés de cette école est l’irrégularité des salaires.
Depuis très longtemps dans cette école, les salaires étaient payés en ne respectant pas les délais fixés par le Code du travail du Togo ni le souci de bien-être des employés, selon une technique cynique dont le fondateur seul a la maîtrise.
Par exemple, le salaire de septembre, le tout premier après la rentrée tombe vers le 15 octobre et parfois vers le 20. Et donc, en considérant logiquement que le salaire est mensuel, celui d’octobre intervient après le 15 novembre, de sorte que le salaire de novembre même n’est versé qu’à partir de 20 décembre ou même après. En décembre, les employés n’ont pas leur salaire de décembre comme leurs homologues des autres écoles concurrentes. Ils doivent serrer les ceintures en cette période des fêtes en privant leurs enfants des joies de fêter correctement la Noël ou le Nouvel An.
La chose étant, on arrive aux mois de mars ou avril avec un mois et demi voire deux mois de retard de salaire ! Et les employés ne sont pas encore au bout de leur peine : les salaires s’arrêtent tout simplement. Le prétexte, priorité aux préparatifs de voyage des élèves. Car à ALPHA, certains élèves vont passer leurs examens en France.
Et donc, privés de salaire de mars à juin, les employés doivent raser les murs tout en allant faire leur travail (on se demande où est-ce qu’ils trouvent l’énergie et le mental nécessaires) avec de bons résultats. Et pourtant les parents payent pour la plupart les frais liés à ce déplacement pour la France.

C’est ce qui va emmener les employés à se regrouper, en avril 2021, au sein d’un syndicat, le Syndicat du Personnel de l’Ecole Alpha, SYNPA, pour mettre fin à cette situation d’esclavage. Et c’est le début d’une guerre sans merci entre le fondateur (qui se dit ancien syndicaliste en France !) et tous ceux qui sont soupçonnés d’appartenir à ce SYNPA. Car depuis que le SYNPA a obligé l’entreprise à payer plus ou moins régulièrement les salaires, il est devenu la cible à abattre par tous les moyens. Nous y reviendrons dans le prochain épisode.

Cette année 2024, jusqu’à ce jour du 29 juin, plusieurs employés de l’Ecole ALPHA n’ont pas encore reçu leur salaire du mois de mai.
Ainsi, les enseignants cumulent déjà deux mois d’arriérés dans l’indifférence du fondateur qui n’a même pas daigné appeler les représentants du personnel en vue de discussions. Dans cette situation, les employés sous prêt sont soumis à des précomptes bancaires tels qu’ils n’auront pas de salaire avant trois mois, avec des pénalités à la clé. Le syndicat du personnel, défendant les intérêts des employés, a porté plainte auprès de l’Inspection du Travail et des Lois Sociales et a exigé le respect des textes relatifs au Droit du Travail. Mais le fondateur, qui se trouve en ce moment en France, continue de narguer les travailleurs. Nous reviendrons également sur les arguties développées par les représentants de l’employeur dans ce bras de fer.
Paradoxalement, le fondateur annonce l’ouverture d’une annexe à Baguida alors qu’il dit n’avoir pas d’argent pour payer les employés qui ont travaillé pour lui faire engranger des fortunes! Car les scolarités dans cette école sont énormes et l’établissement ramasse des centaines de millions chaque année.
Par ailleurs, certains employés sont déjà payés, on ne sait selon quel critère. Cela a emmené le syndicat à protester contre ce qu’il considère comme une discrimination. Car, pourquoi dans une entreprise où tous ont travaillé pendant la même période, certains employés peuvent recevoir leur salaire alors que les autres doivent attendre plusieurs semaines avant d’avoir le leur ?
Cette situation met à mal les conditions de vie de ces employés qui vivent en extrême pauvreté malgré leurs efforts pour obtenir de bons résultats.

Pendant que les salaires ne sont pas payés, l’école s’agrandit. Cela démontre que le bien-être et les salaires des employés sont sacrifiés sur l’autel des ambitions de l’employeur.

Le syndicat, résolu à ne pas laisser passer cette ultime injustice, entend s’exprimer sur les ondes radio prochainement pour faire connaitre la souffrance des employés de l’Ecole ALPHA.

Lorsqu’ un homme (ou une femme) fait savoir qu’il (ou elle) travaille à ALPHA, tout le monde s’imagine qu’il (ou elle) est bien payé(e) à l’instar des enseignant(e)s du lycée français ou du lycée Cours Lumière. On sait désormais qu’il n’en est rien, mais alors pas du tout. De plus en plus de parents en sont désormais conscients (y compris des élèves) et font le choix des écoles concurrentes où la gestion autorise plus de confiance quant à la garantie d’encadrement par un personnel mieux traité. Car comment exiger un meilleur service de la part d’un employé qui est mal et sous-payé ?

Le fondateur de l’Ecole ALPHA ne semble pas voir qu’il est en train de détruire sa propre entreprise, entouré qu’il est de gens qui ne sont pas à même de dire au « chef » ce qu’il ne souhaite pas entendre. Ce monsieur est constamment dans une logique de propriétaire et non dans une logique de chef d’entreprise.

Ces enseignant(e)s qui sont ainsi sacrifié(e)s depuis que cette école existe ont des familles à nourrir, des charges, des besoins…

Il faut que l’Etat à travers ses institutions comme l’Inspection du Travail et des Lois Sociales, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, assainisse ce secteur qui est essentiel pour le futur de notre pays puisqu’il s’agit de l’Education nationale.

Affaire à suivre.